Interview de Charles-Olivier Diebold sur TV Finance

« NOUS VISONS LE MILLION D’EUROS DE CA EN 2019 » – Charles-Olivier Diebold, MyCompanyFiles

Charles-Olivier Diebold, PDG de MyCompanyFiles présente cette startup innovante qui permet de partager des documents et communiquer en toute sécurité. Créée il y a 7 ans, la société compte aujourd’hui près de 300 clients en Europe, principalement des cabinets d’expertise comptable et d’avocats. Ceux-ci disposent ainsi d’un point d’entrée digital unique pour leurs clients (Extranet, Appli smartphone). Et grâce à la plateforme de MyCompanyFiles, la collecte, le traitement et la livraison d’informations comme les factures, bulletins de salaires, liasses… est facilitée. Rentable depuis 3 ans, l’entreprise vise en 2019, un chiffre d’affaires de 1 million d’euros.

 

Retranscription de l’interview du 8 janvier 2019.

 

L’entreprise du jour c’est MyCompanyFiles, une startup innovante qui permet de partager des documents et communiquer en toute sécurité. Avec nous sur le plateau ce matin, son président fondateur, Charles-Olivier Diebold, bonjour.

 

Bonjour.

 

Pouvez-vous retracer dans les grandes lignes la création de Mycompanyfiles et nous expliquer son concept ?

 

C’est l’histoire assez sympa de deux copains qui se sont rencontrés en sixième et qui ne se sont pas quittés jusqu’à la terminale. Ils ont fait les cours assis à côté. Il y en a un qui a mal tourné, qui est devenu expert-comptable et commissaire aux comptes (rires). Je suis moi-même devenu ingénieur. Après plusieurs années, on s’est retrouvé à lancer un projet ensemble. Ce projet partait d’un constat et des douleurs ressenties de cet ami, qui disait : “J’ai un mal fou à collecter et à restituer l’information en provenance de mes clients. J’ai besoin de professionnaliser et j’ai également besoin de défendre ma marque cabinet…”

Du coup, on a commencé à créer ensemble une solution extranet en marque blanche qui allait leur permettre d’échanger efficacement et dans un contexte sécurisé de l’information avec leurs clients.

 

Alors aujourd’hui, très concrètement, que proposez-vous ? Et dans quels domaines ? Celui d’experts-comptables ?

 

Aujourd’hui on travaille effectivement principalement avec des cabinets d’experts comptables et des cabinets d’avocats. Mais le gros focus est aujourd’hui sur les experts-comptables. On a un peu plus de 250 cabinets clients, qui représentent à peu près 60 000 utilisateurs.

 

Partout en France donc.

En France et un petit peu à l’étranger aussi. On commence à traverser les frontières et on en est plutôt content. Mais il est vrai qu’on se concentre principalement sur le métier français dans la mesure où ils ont des particularités assez fortes : une pérennité et une récurrence d’interaction avec leurs clients qui est quasi quotidienne, mensuelle du moins (ne serait-ce que pour les déclarations de tva, les gestions de paie…). Ils ont besoin de cet échange. En fait, ils sont complètement dépendants de leurs clients pour pouvoir produire puisque la matière première provient de leurs clients.

 

Il existe déjà des moyens de partager les documents, non ?

 

Il existe des moyens qui ne sont pas forcément idéaux. Avec la RGPD, le véritable enjeu est aujourd’hui d’arriver à sécuriser et à être clair sur la façon dont les données sont traitées. Les solutions comme Dropbox, qui est une solution américaine, ne sont en général pas faites pour défendre la marque de la société qui les utilise. Quand on utilise Dropbox, on utilise Dropbox. Quand un client travaille avec MyCompanyFiles, MyCompanyFiles disparaît et devient l’extranet de l’expert-comptable. Ça devient aussi l’application smartphone en marque blanche du cabinet et il interface le tout avec des outils métiers. Tout cela fait qu’en fait on a vraiment une solution clé en main qui vient complètement fluidifier la vie de l’expert comptable, du commissaire au compte et de l’avocat avec ses clients.

 

Est-ce que vous pouvez citer des exemples précis de ce que vous apportez aux cabinets d’expertise-comptable ou cabinets d’avocats ?

 

Alors en fait on se présente très fréquemment comme l’ostéopathe de le relation-client de nos clients. Pourquoi ça ? Parce qu’on s’adresse à leurs douleurs dans leur relation client et on le fait avec des priorités : on travaille là où ils ont le plus mal. On les fait sourire quand on leur fait part nos diagnostics : “Vous avez mal à la collecte, vous avez mal à la restitution…”, car ils s’y reconnaissent bien.

Les cabinets ont produit de l’information mais ont du mal à la mettre à disposition. Ils travaillent énormément pour mettre à disposition et donner plus de valeurs à leurs clients. Mais ces clients se retrouvent avec 3 logins, 3 mots de passe parce qu’ils vont avoir une solution pour faire leur facturation, une solution pour aller chercher les fichiers échangés et une solution par exemple pour voir la compta en ligne. Donc on se met bien à la place du client : “si j’ai 3 login 3 mots de passe, voire 6, je suis paumé.” Donc là, on leur permet d’avoir un seul login, un seul mot de passe. Une 4ème douleur ressentie par le cabinet, c’est “j’ai besoin de développer mon business, mon activité”. Et souvent ce n’est pas évident de le faire avec ses propres clients. On leur facilite donc cette gestion en leur permettant de présenter leurs besoins potentiels à leurs clients et sur l’application smartphone et sur l’extranet qu’on propose.

Voyons en profondeur cette douleur de la collecte évoquée plus tôt. Un des premiers sujets qui ressort est “Mon client ne se souvient jamais qu’il faut qu’il m’envoie de l’information”. C’est à moi ou à mes collaborateurs de renvoyer tous les mois un mail à mes clients pour leur dire “merci de m’envoyer les éléments pour la paye, merci de m’envoyer les éléments pour la TVA etc…”. Donc là, on a robotisé ça, ce qui permet aux collaborateurs de se focaliser sur les choses intéressantes et puis au client de se dire “ah tiens, on m’a rappelé qu’il fallait que je fasse ceci et cela !”. Donc ça c’est le premier sujet.

Deuxième sujet, toujours dans cette logique de collecte d’informations : “Je suis moi entrepreneur. Mon expert comptable me demande de lui envoyer des informations et mais je sais que j’ai scanner qui est mal fichu”… On sait qu’il y a des verrous aujourd’hui chez certains entrepreneurs qui n’ont pas le temps, donc il faut leur faciliter la vie. Donc là, pour ce faire on leur dit : “tiens, tu prends l’application du cabinet, que tu télécharges sur itunes ou Google play, et puis tu vas prendre en photo les factures que tu reçois. Tu reçois une facture par mail ? Tu la transfères au cabinet, ça va se ranger sur l’extranet. Donc tout un tas de choses qui vont rendre les choses limpides côté entrepreneur, il se décharge sur son expert-comptable qui du coup lui met encore plus de valeur ajoutée. Donc les questions “combien est-ce que je paye à l’année mon expert-comptable?” bah plus ça va, plus elles sont diffuses dans la mesure où la valeur est supérieure. Voilà, donc 2 exemples sur cette collecte. Si on prend la restitution de données, le cabinet produit des tableaux de bord, produit des payes, des liasses et ils ont besoin là aussi de faciliter cette mise à disposition et faire en sorte que le client n’ait pas à redemander. Ex: “je suis chez le banquier, est-ce que vous pouvez me renvoyer ma liasse ?”

Ils ont sous le pouce, dans le smartphone, sur l’extranet et tout ça est mis en ligne automatiquement, avec des sécurités bien sûr mais pour éviter qu’il y ait des actions manuelles qui soient faites pour, là encore, des actions à faible valeur ajoutée.

 

Alors, comment fonctionne votre business model ? Y’a une récurrence des revenus ? Vous vendez, vous louez..?

 

On est plutôt sur de la location. Au fil des années on a, ce qu’on appelle en startup, pivoté. Ça fait 7 ans qu’on existe. On a présenté un extranet, puis une appli smartphone, puis une appli smartphone en marque blanche. Et là on s’est rendu compte que ça coûtait cher pour eux ! Et là on s’est dit, on va créer un forfait. On va mensualiser. Donc il y a des coûts d’installation et de formation qui sont très raisonnables parce qu’on a justement rendu ça accessible et c’est là qu’on a commencé à vraiment prendre sur le marché, c’est qu’on est arrivé avec des prix qui étaient accessibles et puis on a un forfait mensuel qui tourne tous les mois et qui dépend du volume d’usage du cabinet.

 

Et donc aujourd’hui vous avez à peu près combien de clients ?

 

On a un peu plus de 250 cabinets clients, on tend vers les 300 assez rapidement, on a une très belle croissance. On a un objectif de rentrer 100 cabinets cette année et d’aller sur le million d’euros de chiffre d’affaire pour l’année.

 

Est-ce que vous avez des concurrents directs ? Parce que depuis 7 ans certains ont dû vous observer… Est-ce que certains vous ont copié ?

 

Alors, on a plutôt des partenaires, donc ça c’est une très bonne nouvelle. A priori on aurait pu imaginer que des gens très présents sur le marché, comme des amis que sont la société RCA, qui propose des outils de gestion aux experts comptables pour les entrepreneurs. Vu la force de frappe de cette société-là, on aurait pu se dire “ils vont faire ce qu’on fait”. Mais en fait on travaille ensemble. On vient apporter la brique extranet, ils apportent les outils, le tout est interfacé. Ce qui fait que vu des cabinets et des clients on est sur quelque chose qui est complètement fluide.

Parce qu’il y a un segment technologique que eux n’ont pas ?

 

Oui on va dire que nous on est très fort sur cette logique de gestion de fichiers, d’échanges de fichiers et de cette logique de relation client et d’extranet. Et eux sont très forts sur les logiques d’outils d’entrepreneurs, de gestion de la donnée derrière. Et donc voilà, en fait ça se complète fantastiquement bien. De même sur des sociétés qui font des solutions métiers de comptabilité (comme Agiris ou Ibiza Software) qui vont focaliser sur leurs métiers. et puis la logique interface client/relation client, on s’interface là encore et on apporte de la valeur ajoutée en synergie, qui est gigantesque. Voilà donc finalement on a des clients qui sont extrêmement satisfaits dans la mesure où ils se retrouvent avec le meilleur de différentes solutions qui s’interfacent et qui se parlent les unes aux autres.

 

Alors vous disiez que vous visiez le million d’euros de chiffre d’affaire. Est-ce que le financement de l’entreprise est lui, assuré ?

 

Absolument. On a eu la chance de lever des fonds en 2015, ce qui nous a permis d’aller à la station essence suivante on va dire. Où là on a pu amorcer réellement une rentabilité sur la société. Ça fait maintenant 3 ans qu’on est rentable. Ça c’était un challenge, on a beaucoup sué, sang et eau pour arriver à ce niveau-là. Y’a des étapes qui font effectivement plaisir et c’est vrai qu’aujourd’hui on a ce petit confort financier. On reste bien sûr vigilant. On sait que les technologies ça va extrêmement vite. On est très vigilants là-dessus, on a 6 personnes sur les 12 de la société qui sont en Recherche et Développement. On sait qu’on a un besoin absolu d’être toujours vigilant. On se dit “voilà on a créé quelque chose mais demain sera un autre jour et on doit préparer ce demain pour continuer à leur apporter de la valeur.

 

Alors justement, quels sont vos relais de croissance pour demain ?

 

Alors déjà on a un très beau marché qui est celui de l’expertise comptable. On a encore beaucoup à faire. 250 cabinets sur 14-15000 en France, y’a du sujet ! Le potentiel est important. Comme je l’ai dit tout à l’heure, on travaille aussi avec des avocats donc on a un vrai sujet sur les avocats en France. Et puis on commence à se déployer à l’international, on est présents sur la Belgique, à Londres, à Barcelone. On est sur les mêmes problématiques, les mêmes douleurs, j’ai mal à la collecte, j’ai mal à la restitution, j’ai mal aux accès multiples pour mes clients, j’ai du mal à développer mon business… y’a juste la langue qui change.

 

Finalement ce sont les mêmes documents qui sont demandés, même si la comptabilité peut être différente ?

 

C’est ça. Y’a des petites particularités sur certains métiers, sur certains marchés. On sait qu’en Belgique les experts comptables ne font pas de bulletins de salaire en général. Donc il y a un flux d’info qui est moindre, par contre ils ont plus de clients en face du coup. Alors oui, quelques particularités mais c’est vrai que globalement on reste sur les mêmes problématiques et sur les mêmes usages en face des clients qui sont pressés, qui n’ont plus le temps de rien faire, qui sont en permanence en train de chasser le business et ces gens-là, ils faut qu’on leur facilite la vie. Et moi étant entrepreneur, je suis le premier à profiter de ces outils que j’utilise avec mon expert-comptable d’ailleurs.